Qu’est ce que le Blues ?

Le blues est un genre musical, vocal et instrumental dérivé des chants de travail des populations afro-américaines. Le blues est apparu dans le sud des États-Unis au cours du XIXe siècle. C’est un style où le chanteur exprime sa tristesse et ses déboires.
Le terme blues vient de l’abréviation de l’expression anglaise blue devils (« diables bleus »), qui signifie « idées noires ». Le terme blue d’où le blues est aussi dérivé de l’ancien français et signifie « l’histoire personnelle » (il reste dans la langue française actuelle le terme bluette, qui est, pour tous les bluesmen, la signification du blues, une chanson à la première personne du singulier). La note bleue, ou blue note en anglais (quarte augmentée ou quinte diminuée) ajoutée à la gamme pentatonique mineure, donne une sonorité particulière caractéristique au blues, qui a de nombreuses origines (africaines, asiatiques via les Amérindiens, irlandaises, etc.)Voici l’histoire du blues…

Buddy Guy – Five Long Years

L’utilisation de l’expression dans la musique noire américaine remonte au début du XXe siècle dans le Music Hall Américain (vaudeville) et était couramment employée dès le XIXe siècle dans les pièces de théâtre qui mettaient en scène des Noirs du Sud des États-Unis (cf dans Americana, chez Fayard). W.C. Handy l’a en quelque sorte officialisée dans son Memphis Blues en 1905.

W.C.Handy’s Orchestra – St. Louis Blues (1914)

Les plus anciennes formes de blues proviennent du Sud des États-Unis, à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Ces formes étaient le plus souvent orales, accompagnées parfois par un rythme donné par des instruments rudimentaires. C’est principalement dans les champs de coton de la région du delta du Mississippi (entre Senatobia et Clarksdale) que ces formes prennent des tours plus complexes. L’une des formes antérieures au blues est le Fife and Drums joué dans la région Hill Country du Mississippi (il s’agit d’un ensemble de percussions guidé par un fifre en bambou, instrument que jouait le maître en la matière, Othar Turner).

Otha Turner – Station Blues

Il y eut d’autres formes de blues avec des instruments rudimentaires, le diddley bow, une corde fixée sur une planche, le jug, cruchon en terre dans lequel on soufflait. Puis le blues a évolué avec des instruments simples, tels que la guitare acoustique, le piano et l’harmonica. La légende raconte que l’un des guitaristes bluesmen, Robert Johnson, aurait signé un pacte avec le diable ce qui lui aurait permis de devenir un virtuose du blues (blue devils : c’est une musique liée aux forces maléfiques qui était fuie et rejetée par beaucoup de personnes aux États-Unis). Cependant, Robert Johnson ne serait pas le premier à avoir raconté cette histoire, c’est un autre bluesman, auteur du morceau Canned heat Tommy Johnson, qui en serait à l’origine.

Tommy Johnson – Canned Heat Blues (1928)

W. C. Handy fut l’un des premiers musiciens à reprendre des airs de blues, à les arranger et les faire interpréter par des chanteurs avec orchestres. Il fut également l’auteur de morceaux parmi les plus célèbres, tel le fameux Saint Louis Blues. Du point de vue des textes, les premiers blues consistaient souvent à répéter un même vers quatre fois. Au début du XXe siècle, la structure s’est standardisée sous sa forme la plus commune : « AAB ». Dans cette structure, un vers est chanté sur les quatre premières mesures (« A »), puis répété sur les quatre suivantes (« A »), enfin, un second vers est chanté sur les quatre dernières mesures (« B »), comme dans l’exemple suivant : « Woke up this morning with the Blues down in my soul / Woke up this morning with the Blues down in my soul / My baby gone and left me, got a heart as black as coal ».

Black Snake Moan – Blind Lemon Jefferson

Les années 1920 et 1930 virent l’apparition de l’industrie du disque, et donc l’accroissement de la popularité de chanteurs et guitaristes tels que Blind Lemon Jefferson et Blind Blake qui enregistrèrent chez Paramount Records, ou Lonnie Johnson chez Okeh Records. Le premier disque blues afro-américain à être commercialisé fut celui d’une femme, Mamie Smith, en 1920. Mais les années 1920 connurent également d’autres chanteuses de classic blues extrêmement populaires, telles que Gertrude « Ma » Rainey, Bessie Smith, Ida Cox et Victoria Spivey. La plupart des enregistrements de l’époque furent connus sous le terme de race records (musique raciale), car ils étaient destinés exclusivement au public afro-américain.

Bessie Smith – A Good Man is Hard to Find

Après la Seconde Guerre mondiale, l’urbanisation croissante et l’utilisation des amplificateurs pour la guitare et l’harmonica menèrent à un blues plus électrique (tel que le Chicago blues), avec des artistes comme Howlin’ Wolf et Muddy Waters qui influencèrent le célèbre Jack Mawell quand il écrivit Black days. C’est ce blues électrique qui influencera, plus tard, une partie du rock ‘n’ roll.

Muddy Waters – Mannish Boy

Vers la fin des années 1940 et pendant les années 1950, les Noirs américains ont migré vers les villes industrialisées du Nord comme Chicago et Détroit, pour y trouver du travail. Dans les villes comme Chicago, Détroit et Kansas City, un nouveau style de blues « électrique » apparut. Il utilisait la voix, la guitare électrique, la basse électrique, la batterie et l’harmonica amplifié avec un micro et un ampli. J. T. Brown, qui jouait avec les groupes d’Elmore James et J.B. Lenoir a également utilisé le saxophone, plutôt comme instrument d’accompagnement qu’instrument soliste..

Dust My Broom – Elmore James

Le style de blues urbain de Chicago fut bien influencé par le blues du Mississippi, d’où sont venus des musiciens comme Howlin’ Wolf, Muddy Waters, Willie Dixon, et Jimmy Reed. Les harmonicistes comme Little Walter et Sonny Boy Williamson (Rice Miller) étaient bien connus dans les clubs de blues à Chicago. Les autres joueurs d’harmonica, comme Big Walter Horton, Snooky Pryor et Sonny Boy Williamson, avaient aussi beaucoup d’influence. Muddy Waters, Elmore James et Homesick James jouaient de la guitare électrique avec un « slide » ou « bottle neck » ; l’exercice consiste à jouer les notes sur le manche en posant un bout de métal ou un goulot de bouteille sur les cordes. B. B. King et Freddie King n’ont pas utilisé le « slide ». Les chanteurs Howlin’ Wolf et Muddy Waters marquèrent le blues de leurs voix rauques et fortes.

Little Walter’s Jump – Little Walter live

Le contrebassiste, compositeur, chercheur de talents Willie Dixon a eu un grand impact sur l’environnement musical de Chicago. Des chansons comme Hoochie Coochie Man, I Just Want to Make Love to You (écrite pour Muddy Waters), Wang Dang Doodle (pour Koko Taylor), et Back Door Man (pour Howlin’ Wolf) sont devenus des « standards » de blues. Nombres d’artistes de Chicago Blues enregistrèrent leurs disques sur le label Chess Records ou d’autres labels importants tels Vee Jay et Cobra.

Willie Dixon You Shook Me

Le style de blues urbain des années 1950 a eu un grand impact sur la musique populaire des musiciens comme Bo Diddley et Chuck Berry. Aussi, le style de blues urbain des années 1950 a influencé le style de musique de Louisiane de zydeco, surtout Clifton Chenier. Les musiciens comme T-Bone Walker (de Dallas) étaient plus associés au style de blues de la Californie, plus policé et sophistiqué que le style de blues de Chicago, les Charles Brown’s Three Blazers étant le combo qui illustrera le mieux cette tendance au milieu des années 1940.
Les blues de John Lee Hooker étaient plus individuels que le style de blues de Chicago. À la fin des années 1950, le swamp blues s’est développé près de Bâton-Rouge avec des artistes comme Slim Harpo, Lazy Lester, Sam Myers et Jerry McCain. Le swamp blues était plus lent, avec un style d’harmonica moins complexe que dans le Chicago Blues. Les chansons du style les plus connues sont Scratch my Back, She’s Tough et King Bee.

Slim Harpo Baby, Scratch My Back

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Le jump blues était un autre développement du blues de cette période qui a influencé la musique populaire. Le jump blues était un hybride populaire du swing et du blues, mettant en vedette des chansons « up-tempo » orchestrées pour des big bands. Le musicien de ce genre qui a le plus influencé la musique populaire était Big Joe Turner, qui a enregistré la version originale de « Shake, Rattle, and Roll ». Pensons aussi à Tiny Grimes, Ruth Brown, et LaVern Baker (« Tweedle Dee »).

Big Joe Turner – Shake, Rattle & Roll

Lors des années 1960, les genres de musique influencés ou créés par les noirs américains, comme le rhythm and blues et la musique soul sont devenus populaires. Les musiciens blancs ont popularisé beaucoup de styles des américains noirs aux États-Unis et au Royaume-Uni. Le Rock’n’roll a souvent été qualifié de mélange des musiques Noires et Blanches bien que ce mélange remonte aux années 1930 avec certains genres de la Country Music comme le Western Swing ou le Country boogie dont le Rock’n’roll n’apparaît souvent que comme un prolongement.

Ray charles -Hit the road Jack

Dans les années 1960, une nouvelle génération d’enthousiastes du blues apparaît en Europe et en particulier en Angleterre. Les principaux acteurs de ce que l’on appelle alors le British blues boom sont les Yardbirds, les Bluesbreakers menés par John Mayall ou encore les Animals, Fleetwood Mac (1re période avec Peter Green), Chicken Shack, et incluent de nombreuses stars de la pop et du rock à venir Jimmy Page, Eric Clapton ou Jeff Beck (tous trois membres successivement des Yardbirds) qui intègrent à leur musique des influences psychédéliques et pop. À la fin des années 1960, le style West Side Blues fut créé à Chicago par des artistes comme Magic Sam, Magic Slim, Junior Wells, Earl Hooker et Otis Rush. Le West Side Blues de Magic Sam, Otis Rush, Buddy Guy et Luther Allison était caractérisé par une guitare électrique suramplifiée. Aux États-Unis, les guitaristes et chanteurs B. B. King, John Lee Hooker, et Muddy Waters ont inspiré une nouvelle génération de musiciens, comme le New-Yorkais Taj Mahal. L’ère des « Civil Rights » a augmenté l’auditoire des blues traditionnels, et des festivals tels que le Newport Folk Festival ont programmé des prestations de « grands » comme Son House, Mississippi John Hurt, Skip James, Big Joe Williams ou le Reverend Gary Davis. J.B. Lenoir a enregistré des chansons qui touchaient aux thèmes du racisme ou de la guerre du Viêt Nam.

Mississippi John Hurt Make Me a Pallet on the Floor

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Des artistes américains comme Bob Dylan, Janis Joplin ou Jimi Hendrix, tous influencés à la fois par le blues traditionnel et le blues électrique, firent découvrir cette musique au jeune public de l’époque. L’interprétation que les artistes de cette génération donnèrent au blues aura plus tard une influence très forte sur le développement de la musique rock proprement dite.

Stevie Ray Vaughan – Riviera Paradise/Lenny – Tokyo 1985

Pendant les années 1980 et jusqu’à nos jours le blues a continué d’évoluer à travers le travail de Stevie Ray Vaughan, Robert Cray, Bonnie Raitt, Taj Mahal, Ry Cooder, Albert Collins, Keb ‘Mo’, Alvin Youngblood, Corey Harris, Jessie Mae Hemphill, R. L. Burnside, Junior Kimbrough, Kim Wilson, James Harman et ses deux guitaristes Hollywood Fats mann et David « kid » Ramos, Ali Farka Touré et bien d’autres. Le style de blues « Texas rock-Blues » a été créé dans les années 1980, et utilise les guitares solo et d’accompagnement en même temps. Le style Texas a été fortement influencé par le Blues-rock d’Angleterre (comme John Mayall). Les artistes importants du style Texas blues étaient Stevie Ray Vaughan qui révolutionna le style dans les années 1980, The Fabulous Thunderbirds et ZZ Top. À la même époque, John Lee Hooker a retrouvé sa popularité, grâce à ses collaborations avec Carlos Santana (Cd The Healer), Miles Davis, Robert Cray et Bonnie Raitt. Eric Clapton (anciennement des Bluesbreakers et du groupe Cream) est redevenu populaire dans les années 1990 avec son album pour MTV Unplugged, où il joue quelques chansons traditionnelles, entre autres succès, sur une guitare acoustique.

Eric Clapton – Rollin’ & Tumblin (Unplugged)

Pendant les années 1980 et 1990, des « Blues scenes » furent créés partout aux États-Unis, au Canada, et en Europe. Ces « Blues scenes » comprenaient des revues de Blues (par exemple : Living Blues et Blues Revue), les sociétés de blues, des festivals de blues, et des clubs où est joué du blues.

Ali Farka Touré & Ry Cooder – Talking Timbuktu

Dans les années 2000 blues rock a gagné un public culturel, d’autant plus que, après la montée de l’Internet, où les artistes ont commencé à créer des chaînes YouTube, forums et pages Facebook. Les musiciens blues rock de cette période comprennent Joe Bonamassa, Gary Clark Jr., Shemekia Copeland, Eric Gales, Beth Hart, Warren Haynes, Jason Ricci, Susan Tedeschi, Derek Trucks, Ben Harper (en collaboration avec Charlie Musselwhite) et Orianthi. artistes de rock alternatifs se combinent encore des éléments forts du blues dans leur musique, en particulier ZZ Ward, Cage the Elephant, Jack White, et les Black Keys.

The Black Keys – Lonely Boy

Juste pour le plaisir!

Tuba Skinny – Jubilee Stomp – Royal Street II 2018

 

Listen too : Blues Funk
Source : wikipedia